Pessoa: petites émotions

« Les petites émotions me sont restées. Un coup de brise sur un coin tranquille de campagne semble meurtrir mon âme. Une lointaine rafale de la fanfare sur l’avenue évoque en moi des sonorités surpassant de loin toutes les symphonies. Devant une petite vieille sur le pas de sa porte, je m’attendris sur toute la bonté du monde. Un gamin crasseux, immobile devant moi, peut m’illuminer. Je savoure le spectacle d’un moineau venant se poser sur un fil électrique, et tout cela me dépasse infiniment, telle une vision inextricablement liée à la vérité elle-même. »

Fernando Pessoa, L’éducation du stoïcien, Christian Bourgois éditeur, 2000, p. 30.

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