Claude Tapia – Dérives perverses du couple et blessures d’enfance de Jeanne Defontaine

Ouvrage de Jeanne Defontaine :
 
« Dérives perverses du couple et blessures d’enfance », Paris, L’Harmattan, 2019

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=62999&razSqlClone=1

Note de lecture par Claude Tapia :

Psychanalyste et philosophe J. Defontaine structure son propos autour de trois principales propositions qui pourraient se formuler ainsi :
-la vie conjugale répète quelque chose de central mais d’anachronique survenu dans un temps révolu…
-dans le cadre de la vie de couple le lien primaire a une forte incidence sur l’intersubjectivité surtout lorsque les partenaires n’ont pu en faire le deuil…
-une composante perverse traverse la vie et l’histoire de la relation conjugale…
Pour traiter ces thèmes, tout au long de l’ouvrage, l’auteure « travaille », creuse à partir de deux concepts « l’incestuel » et le « meurtriel » qui désignent des tendances pathologiques assez répandues. Dans les deux cas les dérives consistent à effacer les « limites » ( au sens analytique du terme), dans le premier cas en laissant s’instaurer une relation de séduction mère-enfant, sans aller jusqu’à la consommation de l’inceste, dans le second en radicalisant l’anéantissement de toute frontière. Ce dernier cas représenterait le degré maximal de perversion dans les interactions interpersonnelles, autrement dit le sumum de l’incestualité, impliquant le plus souvent violence et brutalité, bref culture de l’instinct de mort. L’auteure insiste sur la paradoxalité du contenu de cette occurrence dans la vie de couple s’exprimant dans la formule lapidaire :« vivre ensemble nous tue, nous séparer est mortel ».
Le contenu de l’incestualité est largement exploré, d’abord par les nombreux emprunts et références (en dehors de Freud) à des travaux psychanalytiques comme ceux d’ Anzieu, Récamier, Ferenczi, Winnicott, Laplanche…ensuite, à partir de l’examen de cas cliniques laissant apparaitre de manière grossissante les types de pathologies étudiés par l’auteure.
Laquelle insiste bien sur la difficulté qu’éprouvent certains couples de dépasser l’illusion duelle ou gémellaire, illusion d’une sorte de fusion primitive ou primaire, pour entrer dans la reconnaissance de l’altérité. Elle montre bien, en fait, que l’enjeu concerne, au-delà du couple, la totalité des membres de la famille impliqués dans ces processus. Le mal-être engendré par le défoulement de pulsions destructrices de haine archaïque menace, en effet, selon elle, tous les processus de transmission de la vie psychique entre les générations.
En définitive, ouvrage intéressant, riche de propositions théoriques et d’illustrations cliniques de nature à éclairer sur les dysfonctionnements vécus et subis par nombre de couples et de familles dans une société néolibérale, hyperconcurrentielle…menacée, selon l’auteure, par les «  pathologies du narcissisme ».
Claude Tapia

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