Bibliographie de RACAMIER

ECRITS DE PAUL CLAUDE RACAMIER

Paul-Claude Racamier, Une créativité psychanalytique pour le soin des psychotiques, Bulletin de L’ACIRP, N° 1, 1992, pp. 09-28

Paul-Claude Racamier, Un espace pour délirer, Revue Française de Psychanalyse, 20003/3 (n° 64), PUF

Paul-Claude Racamier, Souffrir et survivre dans les paradoxes, in RFP, La douleur et la souffrance psychique, IV, juillet août 1991, Tome LV, PUF, PP_893_ 909
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5448885d.image.r=revue+fran%C3%A7aise+de+psychanalyse.f103.pagination.langFR

Paul-Claude Racamier, En psychanalyse et sans séances, RFP, Le psychanalyste hors séance, n° V, septembre octobre 1990, tome LIV, PUF, (n°54) pp. 1165-1183
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54488751.image.r=revue+fran%C3%A7aise+de+psychanalyse.f23.pagination.langFR

P.-C. Racamier S. Nacht, (Nécrologie), Revue Française de Psychanalyse Tome XLII, juillet aout 1978, pp 753-756

P.C. Racamier M. Asfar, par (Nécrologie) Revue Française de Psychanalyse Tome XLII, juillet aout 1978p. 760

D’AUTRES AUTEURS AUTOUR DE RACAMIER

Jean-Pierre Veuriot, Les psychoses et l’anti-conflictualité, l’apport de P.C. Racamier, Ambivalence, PUF, 2006

Jean-Pierre Veuriot, La pensé des origines empêchées, Perspectives Psy 2012/3 (Vol. 51), pages 224 à 229

L’auteur présente l’œuvre théorique de Paul-Claude Racamier, fondateur de l’Hôpital de Jour La Velotte, qui s’est attaché aux psychoses, essentiellement à la schizophrénie. Le cheminement de son élaboration, dans laquelle s’expriment sa créativité et son originalité, est étudié depuis ses premières conceptions de la relation mère-enfant et de ses vicissitudes jusqu’à ses derniers développements concernant : la séduction narcissique, le deuil originaire, la pensée des origines, en passant par l’étude du rôle du paradoxe et la question du délire.

Entretien de Jean Guillaumin avec Paul-Claude Racamier à propos de son dernier livre ‘Le génie des origines’, Revue Française de psychanalyse, PUF, octobre-décembre 1994/4 (n°58), Tout analyser ?

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5450872k.image.r=revue+fran%C3%A7aise+de+psychanalyse.f207.pagination.langFR#xd_co_f=NzQ3MzUyMDItZGExYS00MDIxLTgzOTktNDU3NjA0MGNjYjI4~

Jean-Pierre Caillot, Paul-Claude Racamier et la Psychanalyse groupale et Familiale, Perspectives Psy, 2012/3 (Vol.51), pages 235-239

Jacques Azoulay, Victor Souffrir, Présentation du texte de P.C.-Racamier en collaboration avec L. Carretier, Revue Française de de Psychanalyse, 2002/2, pages 575-578 [RFP, 202/2, vol66) Les psychotropes sur le divan]

II. D’AUTRES AUTEURS CITANT RACAMIER OU SE RÉFÉRANT A SES CONCEPTS

Patrick Ange Raoult, Le travail en équipe. Collusions incestuelles et meurtrielles, Edition l’Harmattan, 2021

« Le travail en équipe suppose à la fois cohésion et organisation. Il s’agit d’aborder les processus subjectifs en jeu tant sur les registres intersubjectifs, transsubjectifs et intrasubjectifs. Ces trois registres sont en homothétie avec les problématiques affectives et pathologiques des personnes reçues. La vie psychique d’équipe est vue au travers des liens privilégiés entre deux membres, soit les « collusions incestuelle » et des mouvements de haine indéfectibles, soit les « collusions meurtrielles ». Ces liens singuliers traduisent des points d’impasses, des problématiques tues ou non élaborées qui se mettent en scène dans les relations. »

Jean-Marc Guilé, L’actualité de Paul-Claud Racamier
EDP Sciences, Perspectives Psy, 2012/3 Vol. 51 pp. 213-214

Pascale de Sainte Marie, Originaire et psychose, Perspectives psy2012/3 Vol 51 pp. 2015-218

« Le choix du titre « originaire et psychose » met l’accent sur l’originaire. Il s’agit là de l’originaire issu du « deuil originaire » tel que l’a décrit Paul-Claude Racamier. Nous parlerons des concepts qui en découlent comme l’antoedipe et l’ambiguïté et comment ils imprègnent et soutiennent notre pratique clinique. »

Mots clés : psychose, psychanalyse, deuil originaire, ambiguïté, antoedipe.

Simona Taccani, Perspectives psy, 2012.3 vol 51

« L’auteur présente ici quelques réflexions à propos de la pensée théorico-clinique de P.-C. Racamier et de sa puissance anticipatrice, et particulièrement celle d’Un espace pour délire, un bref écrit des années 1980, pour aborder le thème de l’héritage et de la transmission du « futur ». Héritage et transmission concernent nos responsabilités et les dimensions de la paradoxalité de notre monde actuel, et semblent bien s’apparenter à cette « quatrième » dimension, à l’espace propre de la pensée délirante. »

Mots clés : transmission, délire, psychose, psychanalyse.

Marc. H. Bandelier, L’idée d’origine, ESP, Sciences Perspectives Psy, 2012/3 Vol. 51 pp 240-245

« L’idée précède la pensée, car c’est ce qui nous vient instantanément – de l’intérieur ou de l’extérieur – avant d’être mise au travail dans le processus du penser, prenant en compte le temps. Par un bref détour par les données scientifiques actuelles sur l’origine de l’univers, nous verrons que le déséquilibre est déterminant pour le progrès, ce que nous pourrons rapprocher de la notion de crise, élaborée par Paul-Claude Racamier dès les années 1980.

En revanche, la pensée religieuse qui mêle origine et cause, nous fera nous interroger sur les différents sens à donner au début du texte de la Genèse. On verra comment une lecture au mot à mot, peut conduire au pire fondamentalisme dans les trois monothéismes qui en découlent. Ceux-ci en donneront un développement différent, selon qu’ils se réfèrent à la Lettre ou à l’Icône. Chemin faisant, nous redécouvrirons la « maternalité » de l’idée d’origine et nous verrons comment la « féminisation » divine a pu être montrée-cachée dans les images du christianisme médiéval.

La transmission s’opère en partie par des rituels dans les religions ; en est-il de même dans les institutions et sous quelles formes ? En particulier, à La Velotte, nous prendrons pour exemple la réunion du Vendredi et laisserons à ce sujet, la parole à l’équipe soignante. »

Mots clés : processus de pensée, crise, pensée religieuse.

Christine Dallot, Dans le taxi de Jafar Panahi, Cahiers Yungiens de Psychanalyse 2015/2 (N° 142),pp. 129-133

Jafar Panahi est iranien. Cinéaste engagé, il est condamné depuis 2010 au double interdit, d’une part, de quitter son pays et, d’autre part, de réaliser tout film durant les vingt prochaines années. Néanmoins, il se soustrait à cette dernière condamnation par deux fois ; en 2011, lorsqu’il réalise Ceci n’est pas un film parvenu au Festival de Cannes sous forme de clé USB cachée dans un gâteau, paraît-il, et tout récemment avec Taxi Téhéran pour lequel il a reçu l’Ours d’or au Festival de Berlin de 2015. Pour chacun, l’absence de générique introductif et conclusif traduit l’interdit enfreint, puisque le Ministère de l’Orientation islamique, qui aurait dû chaque fois délivrer ce générique comme pour tout film dit « diffusable », a été contourné.

Pascale de Sainte marie, « Si j’étais présent, je ne serais pas là », Revue de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe, érès, 2010/1 n° 54 pages 169-180

« La présence au monde des patients psychotiques est singulière. Elle peut prendre des formes variables selon le type d’organisation psychotique. Nettement paradoxale chez le schizophrène qui s’est organisé au long cours pour « être en n’étant pas », comme ce patient qui, agacé par nos sollicitations, nous dit un jour : « Si j’étais présent, je ne serais pas là », elle est plus confuse chez certains psychotiques moins structurés ; tels des fantômes, ils apparaissent et disparaissent de façon inattendue et ont tendance à répandre autour d’eux des vagues d’excitation contagieuse dont les débordements les submergent ainsi que leurs proches, rendant leurs limites difficilement discernables.

Cette présence au monde sera souvent acrobatique chez les patients « états limites » dont le corps est agi par un pulsionnel mal contenu, court-circuitant la pensée, et qui, tels des funambules, marchent sur un fil tendu au-dessus de précipices sans fond. »

Vincent REBIERE, Gérard BAYLE, Il ne suffit pas d’être né, Encore faut-il se naître à soi- même, EDP Sciences, « Perspectives Psy » 2012/3 Vol. 51, pages 272-279

« Un récit clinique décrivant le travail psychanalytique, réalisé au sein de la Velotte avec une patientepsychotique, est présenté puis commenté. Il s’agit d’un travail de distinction des espaces, des temps et des personnes, tout autant qu’un travail de séparation d’avec les parents. L’espace transitionnel que constitue l’hôpital de jour va permettre au délire de se déployer et les parties clivées de la patiente vont être projetées sur l’équipe médico-soignante. Petit à petit, ce processus va conduire au travail de deuil originaire, tel qu’en parlait Paul-Claude Racamier, et à l’appropriation par la patiente de son espace psychique. »

Paul DENIS, Narcissisme et perversion, perversion narcissique in Le narcissisme, 2012, PUF

Alberto EIGUER, La perversion narcissique, un concept en évolution, L’information psychiatrique 2008/3 (Volume 84)

Chantal WAGNER, Relation d’objet dans la perversion narcissique. Se soutenir : déconstruire l’autre, L’information psychiatrique, 2012/(Vol 88, ) pp. 21-28

https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2012-1-page-21.htm

Jean-Pierre VEURIOT, Les psychoses et l’anticonflictualité L’apport de P.-C. Racamier, AMBIVALENCE (2006), pp. 177-199

« L’ambivalence depuis Bleuler était considérée comme une des caractéristiques symptomatiques de la schizophrénie. Il entendait par là l’incapacité à choisir entre une action et une autre, comme si une tendance quelconque était contrebalancée par une tendance semblable opposée. Ainsi, celui qui est sur le point de se lever doit retourner s’asseoir, immédiatement arrêté par ce qui apparaît comme une représentation contraire. Racamier confirme qu’il s’agit bien là d’un symptôme typique, mais qu’il « résulte précisément de l’exclusion de l’ambivalence au sens psychanalytique du terme ». Pour lui, l’organisation psychotique est anticonflictuelle : si « le moi névrotique travaille au sein des conflits, le moi psychotique, lui, travaille envers et contre les conflits, à commencer naturellement par les conflits d’ambivalence ».

Paul-Claude Racamier (1924-1996) est ici dans un domaine qu’il connaît bien ; psychiatre et psychanalyste, son œuvre s’attache essentiellement à l’étude des psychoses. Elle ne s’y limite pas mais c’est là qu’elle connaît ses développements les plus importants tant sur le plan de l’élaboration théorique que sur celui du plan de l’abord clinique et thérapeutique.

Il est l’auteur, avec S. Nacht, du Rapport du Congrès des psychanalystes de langue française à Bruxelles en 1958, rapport intitulé « La théorie psychanalytique du délire ». Leur thèse est alors fondée sur l’équivalence du délire et de la psychose. Il en gardera la conviction que ceux qui délirent le font pour continuer d’exister… »5

Jean-Pierre VEURIOT, la pensée des origines empêchée, PERPECTIVES PSY 2012/3 (Vol.51) pp. 224-229

« L’auteur présente l’œuvre théorique de Paul-Claude Racamier, fondateur de l’Hôpital de Jour La Velotte, qui s’est attaché aux psychoses, essentiellement à la schizophrénie. Le cheminement de son élaboration, dans laquelle s’expriment sa créativité et son originalité, est étudié depuis ses premières conceptions de la relation mère-enfant et de ses vicissitudes jusqu’à ses derniers développements concernant : la séduction narcissique, le deuil originaire, la pensée des origines, en passant par l’étude du rôle du paradoxe et la question du délire. »

Philippe ROBERT, Paut-Claude Racamier, « Les paradoxes des schizophrènes » (1978), RFP, p. 877-969 Les schizophrènes, Payot et Rivages, 2001, Racamier le paradoxe des schizophrènes, dans 45 commentaires de textes en psychopathologie psychanalytique

« Vingt ans : c’est le souvenir. Il y a tout juste vingt ans, en 1958, avec Sacha Nacht, dans l’un de nos congrès de nos langues Romanes, à Bruxelles, nous présentions un rapport, déjà sur les psychoses, consacré à la théorie psychanalytique du délire […] En ce qui concerne les délires quelques analyses nous ont appris que la folie y est employée comme une pièce qu’on colle là où initialement s’était produite une faille dans la relation du moi au monde extérieur. Si la solution du conflit avec le monde extérieur ne nous apparaît pas encore avec plus de netteté qu’elle ne le fait maintenant, c’est que dans le tableau clinique de la psychose les manifestations du processus pathogène sont souvent recouvertes par celles d’une tentative de guérison ou de reconstruction […] N’ai-je cependant pas rappelé en préambule que les schizophrènes vivent ? Mieux vaudrait dire qu’ils survivent. Survivent à la catastrophe ? Certes. Mais surtout vivent par-dessus la vie, matant la monture de leur vie comme des cavaliers sans merci, héros harassés d’un triste triomphe sur Éros… »

Paul-Claude Racamier (1924-1996) était psychiatre et psychanalyste. Né en 1924, il est originaire de Franche-Comté et attaché à ses racines. Il fait ses études de médecine à Besançon puis à Paris. Il commence sa carrière professionnelle à l’hôpital de Prémontré où il exerce pendant une dizaine d’années. Dès ce moment, il est attentif aux conditions de vie des patients et aux effets thérapeutiques potentiels de l’Institution… »

Anne DECERF, Peut-on se faire renaître ? Essai sur le fantasme d’auto-engendrement, TOPIQE 2006/1 (n° 94) pp. 97-111

https://www.cairn.info/revue-topique-2006-1-page-97.htm

« Au regard de la pensée psychanalytique, le fantasme d’auto-engendrement a généralement mauvaise presse. Très mauvaise presse même. Défini comme fiction de toute-puissance narcissique prétendant à une renaissance sans génération, ni ventre fécondant, son ambition de refaire l’histoire suffit à le rendre suspect aux yeux de l’analyste. Production désolée d’un psychisme en souffrance œdipienne, il aggrave encore son cas en déniant le principe de réalité fondateur qui nous impose notre naissance, accole à notre être le mystère de ses origines et nous fait naître d’un rapport sexuel dont nous sommes exclus. Comme l’écrit André Green. , « […] ce qui compte dans la scène primitive, ce n’est pas qu’on en ait été le témoin, mais précisément le contraire, à savoir qu’elle se soit déroulée en l’absence du sujet ». Au regard d’une théorie qui articule ses principes fondateurs à l’endroit d’une histoire imposant son inscription et sa genèse, penser se fait renaître dans un processus auto productif ne peut qu’apparaître suspect. Le refus de l’imposé des origines n’a pourtant jamais cessé de tarauder les esprits. A commencer par saint Augustin qui, dans ses Confessions, implore Dieu de lui dire où il était avant d’être dans le ventre de sa mère ou encore Schopenhauer qui, dans le deuxième Livre du Monde comme volonté et comme représentation, se demande qui il était au temps infini d’avant sa naissance pour se découvrir dans tous les moi ayant préexisté au sien. »

Alain KSENSEE,, Hystérie et perversion : Le pervers narcissique, Revue Française de Psychanalyse, 2003/3 Vol. 67, pp. 943-958

https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2003-3-page-943.htm

« Racamier s’interrogeait : Où pourrions-nous rencontrer des pervers narcissiques ? « Bien peu dansnotre bureau : un pervers ne désire se soigner que s’il ne l’est pas suffisamment. Encore moins sur le divan du psychanalyste : la démarche psychanalytique et la pente perverse sont antinomiques. » C’est la raison pour laquelle il ne nous est pas possible d’introduire par des faits cliniques le présent travail. Toutefois, il nous semble possible d’atténuer cette difficulté. En effet, le recours à des concepts théoriques validés par la pratique psychanalytique pourra nous permettre de limiter un écart clinico-théorique toujours inévitable.

Cette hypothèse de travail est fondée sur :

  • La description par Racamier du pervers narcissique masculin
  • Les trois phases essentielles des travaux de Freud consacrés à la perversion

Cette hypothèse est développée à partir d’un certain nombre de travaux freudiens, et postfreudiens de psychanalystes français que sont dans l’ordre chronologique : l’article de M. Fain et P. Marty, l’intervention de M. Fain à propos du rapport présenté par J. Chasseguet-Smirgel consacré à l’idéal du Moi et du même auteur l’étude qu’elle a consacrée à la perversion

Nous proposons de considérer les perversions narcissiques décrites par P.C. Racamier comme procédant d’un noyau pervers commun à toutes les perversions. Ce noyau commun peut se manifester plus ou moins durablement et prendre la forme d’une perversion narcissique. Nous préciserons dans la dernière partie de cette réflexion l’organisation psychique de la perversion narcissique qui fait de celle-ci une perversion sexuelle et narcissique. »

Michael BENYAMIN, La perversion narcissique, le triomphe de l’emprise, IN Press, 2022

« Le pervers narcissique est devenu l’emblème fourre-tout de tout sujet qui exerce une domination et une emprise sur une autre personne. Il pique des crises de nerfs quand on n’est pas d’accord avec lui ou rabaisse son conjoint lors de conflits conjugaux. Pourtant cela ne suffit pas à le définir. On retrouve en effet des défenses perverses dans la plupart des structures : l’emprise, la manipulation, le déni de l’altérité, la froideur, le manque d’empathie… Mais s’y ajoute ici une fragilité narcissique massive qui rend le Moi faible et tributaire du narcissisme de l’autre. Ce dernier devient une prothèse qui doit recharger le sujet en narcissisme. Il devient ? dans le même temps ? le réceptacle des conflits et éléments toxiques dont le pervers ne veut rien savoir. Ainsi ressort l’élément fondamental de la perversion narcissique : l’annexion (au sens militaire du terme) du psychisme d’un autre qui aboutira à une emprise décervelante pour la victime. Il en résulte une perversion du lien dont l’expulsion projective en l’autre est un enjeu de survie pour son auteur. C’est pourquoi il est essentiel d’explorer son fonctionnement psychique et ses relations à l’autre. »

III. TRAVAUX UNIVERSITAIRES AUTOUR DE RACAMIER, DE SES CONCEPTS ET SES THÉORISATIONS

Thèses de doctorat en psychologie

Le désir et le ravage dans la clinique de l’inceste : de la transmission inconsciente à la répétition aliénante entre mère et fille, par Mariana Valerio Orlandi, Sous la direction de Markos Zafiropoulos.

Tenue le 24-09-2016, à Sorbonne à Paris.

« La dyade mère-fille est traversée par quelque chose tenant de l’ordre du désir et du sexuel. L’idée d’un même, d’un identique rapprochant la mère et la fille ainsi que la notion de répétition qui englobe certaines de leurs relations dans un contexte de violence sexuelle intrafamiliale nous interpellent dans notre pratique en tant que clinicienne. A partir de l’apport des travaux de Sigmund Freud et de ceux de Jacques Lacan – particulièrement sur le ravage concernant ce dernier – nous souhaitons savoir quelle place peuvent subjectivement occuper les filles du point de vue de leurs mères quand ces dernières sont elles-mêmes issues de familles à transactions violentes et/ou incestueuses? Dans ces situations, nous nous interrogeons et nous penchons sur la nature de ce qui est transmis entre mère et fille. Nous ne faisons pas simplement référence à l’inceste père-fille, nous nous employons à observer aussi d’autres formes d’inceste impliquant d’autres personnes de l’entourage ainsi que ce qui est appelé l’inceste de deuxième type (selon Françoise Héritier) et l’incestuel (comme décrit par Paul- Claude Racamier). Ainsi, cette étude prend en compte ce qu’il y a derrière la confusion des rôles, des générations et de « langue » entre mère et fille dans le contexte d’inceste. Notre recherche s’articule dans le champ de l’anthropologie psychanalytique, tel qu’il est développé par Paul-Laurent Assoun et Markos Zafiropoulos (2002), qui prend en compte l’Autre social pour comprendre le sujet de l’inconscient chez Freud et Lacan. Aussi, la relation mère-fille et ses résonances sur les plans social, symbolique et psychique, ainsi que la question de l’inceste et de l’incestuel seront les fils conducteurs de notre travail. Nous proposons de parcourir la relation mère-fille dans un contexte incestuel avec ou sans passage à l’acte à travers la clinique psychanalytique en nous appuyant sur des études de cas.

L’ambivalence entre l’amour et la haine, déjà présente « naturellement » dans la relation mère-fille, s’amplifie dans le contexte d’inceste. Nous tentons d’analyser en profondeur les racines de la mise en acte violente des mères lorsqu’elles « échouent » dans leur fonction protectrice, perturbant le lien mère-fille d’une manière encore plus ravageante en reprenant ce terme au sens lacanien du mot ravage. Ces circonstances où la mère et la fille sont dans une véritable impasse témoignent d’un lien d’emprise qui nous amène à nous interroger sur le travail de transmission entre elles. »

« Sentences are the smallest bedrooms » : Œdipe, incestuel et inceste dans l’œuvre de Janet Frame, par Christine Gartner, sous la direction de Isabelle Alfandary et de Pierre Degott. Soutenue le 13-11- 2021, à Paris 3.

« Notre thèse, basée sur une lecture psychanalytique quasi exhaustive de l’œuvre de Janet Frame y repère, comme expression délibérée mais aussi à son insu, un traumatisme né de la collision entre les désirs œdipiens et un climat incestuel, voire un inceste actualisé. La quête identitaire framienne qui en résulte s’incarne dans une saturation de la dimension topographique qui cherche à localiser son Moi évanescent. Les romans contiennent tous des variations de ce que nous nommons « l’enfant œdipienne incestée », avec quasiment une seule issue, la mort, dans un contexte de domination masculine rendue possible par la collaboration inconsciente des femmes. Dans un langage codé, Frame désigne le père, à travers le symbole du soleil, comme le prédateur. La mère est vue comme une puissance de submersion. La fille est représentée comme un arbre martyrisé. Frame fait évoluer ces représentations symboliques pour exprimer le crépuscule du père et la résilience de l’arbre-fille. Un fantasme de peau commune avec la mère s’étendant au père se révèle au travers de l’imago de la vache et du taureau. Éternellement piégée entre le trop proche et le trop lointain, la faiblesse du Moi provoque des sensations d’inondations, de porosité et de confusion entre l’extérieur et l’intérieur.

Frame répond également aux questions de la dette de vie, de la possibilité de l’amour et de ce que peut dire le langage dans le contexte d’un tel traumatisme. Elle produit sa propre synthèse salvatrice, celle de la proximité à travers la distance, qui s’exprime par la figure de l’oxymore. »

Construction antoedipienne et deuil originaire. Etude clinique de la construction antoedipienne non tempérée chez l’enfant de la latence au regard d’un climat incestuel entravant le deuil originaire, par Catherine Ginolhac (Galinier), Thèses en préparation depuis le 01-10-2016 à Toulouse 2, Psychologie, dans le cadre de Comportement, Langages, Education, Socialisation, Cognition (CLESCO), en partenariat avec LCPI – Laboratoire de Psychologie Clinique, Psychopathologique et Interculturelle (EA 4591)

La relation entre “le fait de soudoyer” et le toucher incestuel : Mutation de “compromis” de l’enfance à l’adolescence, par Randa El barraj, Projet de thèse en Psychologie

Le ‘roman de la grossesse’ et ses variations dans les situations de maltraitance mère-enfant : la relation mère-enfant entre l’inceste agi et l’inceste fantasmé, Souad BEN HAMED, sous la direction de René Roussillon, soutenue en 2007, université de Lyon.

« Se basant essentiellement sur l’aide et le conseil, il arrive que, confronté à des problématiques limites de la subjectivation, le travail devienne inopérant au sein de l’Action Educative en Milieu Ouvert.

Exerçant en tant que psychologue clinicienne au sein d’un tel service, nous avons dû, pour surmonter cet écueil, imaginer d’autres techniques et aménager notre fonction dans ce cadre. Nous avons ainsi conçu et mis en place peu à peu un outil diagnostique, un dispositif thérapeutique ainsi qu’un concept théorique autonome : le roman de la grossesse. Il s’agit d’un travail d’anamnèse associative autour de la périnatalité que nous pouvons définir aussi, à la suggestion de René Roussillon, comme un dispositif d’associations focales. Afin de donner sa place à la réalité psychique trop ignorée, nous avons invité autour de ce fil conducteur original (bien que dans la filiation du roman familial de Freud) à un travail narratif des temps de la conception, de la grossesse, de la naissance, et de l’allaitement ainsi que de la rencontre du couple et du désir d’enfant, des femmes-mères pourtant engoncées dans des problématiques incestuelles (Racamier) et des souffrances narcissiques identitaires (Roussillon). Nous illustrons dans ce travail, à travers de nombreuses vignettes et six monographies cliniques, comment cette modalité nouvelle d’approche de ces femmes a permis de dépasser une forme de surdité psychique initiale (et peut-être bilatérale…) et permis une relance du travail dynamisante qui nous a motivée à cet écrit et nous incite à penser que le roman de la grossesse pourrait s’avérer un dispositif généralisable à d’autres cadres et un outil précieux pour la clinique »