Granoff: embrigader dans réalité sociale

« Cette scission entre la subjectivité et le désir, cette notion de « sujet barré » s’exprime dans l’aptitude du pervers à embrigader, dans l’acte, la réalité au service de l’impératif du leurre. »

Granoff W. et Perrier F., Le problème de la perversion chez la femme et le idéaux féminins, La Psychanalyse, No 7, La sexualité féminine, PUF, 1964.

Commentaire (MH):

Cette citation est extrêmement condensée ; elle mérite de s’arrêter sur certains termes importants.

Ainsi celui d’« embrigader » qui comporte une notion de contrainte, voire de falsification. La « brigade » évoque le groupe, la foule.

Granoff mentionne ensuite « dans l’acte ». On sait tout l’intérêt que portait Racamier aux agissements de toutes sortes ; on pense notamment à son concept d’«extragir », autrement dit d’amener l’autre à agir à sa place. L’« embrigadement dans l’acte » nous paraît une variante très intéressante de ces manipulations perverses.

« La réalité » : Granoff indique, à juste titre, que c’est là la cible que vise le pervers. Manipuler la réalité, fausser la réalité, détruire la réalité prétendre refaire la réalité (Chasseguet-Smirgel) : voilà les desseins auxquels aspire le pervers. « Au service de l’impératif du leurre » évoque non seulement l’idée de falsification et de tromperie, mais souligne la violence inhérente à ce mode de fonctionnement.

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