Une enfance remémorée selon la théorie de l’après-coup de Freud
Enfance berlinoise vers 1900 est le projet autobiographique de Walter Benjamin. Sa rédaction s’est étendue entre 1932 et 1939. Il est composé de textes brefs qui tissent entre eux un réseau de correspondances. Dans ces textes, Benjamin s’intéresse à l’avenir dans le passé, c’est-à-dire aux moments du passé qui annoncent l’avenir, que cet avenir soit advenu ou non advenu depuis. Il est ainsi attentif à « l’espoir dans le passé » (selon l’expression de Peter Szondi). Il recherche électivement dans son enfance les traces qui ont été ultérieurement comprises, remaniées ou
réélaborées. Cet article montre que cette remémoration est une illustration exemplaire de l’idée de l’après-coup de Freud. Benjamin, d’ailleurs, transposera à l’échelle de l’histoire ce travail de la mémoire dans ses Thèses, rédigées avant sa mort en 1940, et donnera ainsi, en retour, un sens
politique à la théorie de la temporalité de Freud.
Olivier Taïeb