De Rougemont: le diable

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« La Bible nous apprend que Lucifer est un ange tombé du ciel.

(…) Un seul archange a trahi sa mission, son message et son être même, c’est Lucifer, le porteur de lumière. Satan s’est révolté, il a refusé de servir, il a refusé de transmettre son message divin, il a voulu se faire original, auteur de son destin, porteur de ses lumières à lui. (…) Il est devenu le messager de soi, et comme il n’est qu’un esprit pur, une fois coupé de la source de l’esprit, il est devenu le messager du Néant et de ses mystères.

(…) Ayant refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Rien. Et tout ce qui ne sert à rien, au sens spirituel, porte la marque diabolique. Mais il a conservé son « métier » d’esprit pur. Il en sait plus que nous sur les mystères du monde et le secret des âmes qu’il abuse… »

Le menteur

(…) Mais il est deux manières de mentir, comme il est deux manières de tromper un client. Si la balance marque 980 g, vous pouvez dire : c’est 1 kg. Votre mensonge restera relatif à la mesure invariable du vrai. Si le client contrôle il peut voir qu’on le vole, et vous savez de combien vous le volez : une vérité reste juge entre vous. Mais si le démon vous induit à fausser la balance elle-même c’est le critère du vrai qui est dénaturé, il n’y a plus de contrôle possible. Et peu à peu vous oublierez que vous trichez. Parions même que vous mettrez tous vos scrupules à faire des pesées rigoureuses, peut-être à rajouter quelques pincées « pour le bon poids », pour le sourire de l’acheteur et la satisfaction de votre vertu. C’est là le mensonge pur, l’œuvre propre du Diable. À partir de l’instant où vous faussez la mesure même de la vérité, toutes vos « vertus » sont au service du mal et sont complice de l’œuvre du Malin.

« Le Diable est menteur, et le Père du mensonge » dit l’Évangile tel qu’on le cite d’ordinaire. Ceci concerne le premier mensonge, celui qui se borne à taire la vérité (tout en ne cessant de la connaître) ou à la nier (tout en sachant que pour si peu, elle ne cesse pas exister). Mais le texte original de ce passage est infiniment plus étrange. « Le Diable est menteur, et il est le père de son propre mensonge. » Par ici nous entrons au mystère du mal. Le père de son mensonge est celui qui l’engendre, le conçoit par ses propres œuvres, en abusant d’une vérité qu’il rejette aussitôt qu’il avilie et qui mourra du monstre mis au monde. Monstrueuse création du mensonge, car le mensonge, par essence, n’est pas ! C’est une espèce de décréation.

 

 

 

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