Devereux : effets de la disqualification

« Bref, une grande partie de l’éducation nie effectivement l’identité autonome de l’enfant, et ignore son besoin de se constituer un soi-même structuré et invariant dans le temps. Cela explique pourquoi on note chez certains patients qui, dans leur enfance, ont été soumis à un régime particulièrement arbitraire, et dont les parents se sont acharnés à nier l’identité et à entraver l’individualité, soit une incapacité à peu près totale de se rappeler leur enfance, soit un manque total du sens du vécu dans les fragments récupérables. Ces patients sont souvent aussi ceux qui “ne rêvent pas”, ou, s’ils rêvent, sont incapables de produire de véritables associations ; leurs associations ne sont en général que des spéculations, ou des jeux plus ou moins intellectuels et impersonnels.

Bref, ces patients manquent du sens du « vécu », simplement parce qu’ils devaient se comporter jadis comme des machines inanimées, obéissant à des ordres purement “hétéropsychiques” ».

Georges Devereux, La renonciation à l’identité, défense contre l’anéantissement, Payot & Rivages, Paris, 2019, p. 63.

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